lundi 27 mai 2013

la Monnaie Virtuelle décentralisée

Par Sophie Beric:

Bitcoin, la première monnaie virtuelle décentralisée, a été créée en 2009 par Satoshi Nakamoto. Satoshi Nakamoto n’est qu’un pseudonyme et il est probable que le Bitcoin ait en réalité plusieurs papas. Quatre ans donc que le Bitcoin existe, mais peu en avaient entendu parler jusqu’à récemment.


Qu’est-ce qu’un Bitcoin ? C’est déjà quelque chose de très volatil : de 13$ en janvier, il a grimpé à 250$ puis est retombé comme un soufflé autour de 130$ en mai. Le Bitcoin a donc une contre-valeur en dollar. C’est en effet une monnaie virtuelle. Mais contrairement aux autres monnaies, le Bitcoin n’est pas émis par une banque centrale et n’est pas la devise d’un Etat souverain. C’est un peu la monnaie symbole de l’ère du numérique et de la globalisation. Les émissions ne sont pas fonction d’une politique monétaire économique, mais d’une règle mathématique, limitant le total des Bitcoins en circulation à 21 millions. Quant à sa valeur, elle dépend d’un réseau peer-to-peer et de procédés cryptographiques complexes.

Bitcoin, c’est donc une monnaie, qui rencontre un réel engouement auprès de ses utilisateurs. Le Bitcoin connait de nombreuses applications, notamment dans le e-commerce et en tant qu’actif d’investissement. Il permet de contourner les frais bancaires et sécurise les transactions sur internet. Mais dans le même temps, le Bitcoin n’est pas vraiment une monnaie et reste donc largement non régulé. LibertyBit et Cadbitcoin, deux plateformes d’échange en dollars canadiens, n’a ainsi aucune obligation de s’enregistrer auprès de l’autorité de régulation canadienne, le Financial Transactions and Reports Analysis Centre of Canada (FINTRAC).

Pourtant, l’opacité et l’anonymat procurés par le dispositif Bitcoin le rendent très pratique pour les activités illicites comme le blanchiment d’argent ou l’évasion fiscale. C’est pourquoi le régulateur américain semble se diriger vers plus de transparence. Le FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network) a récemment publié des recommandations qui qualifient certains intervenants du marché des monnaies virtuelles de MSB (Money Services Businesses). Cela les obligerait donc à se conformer au dispositif anti-blanchiment applicable à tous les MSB. Les autorités américaines ont récemment gelé un compte de Mt Gox, l’un des principaux acteurs du marché. Cependant, le FinCEN a dans le même temps souligné que les utilisateurs de monnaies virtuelles ne sont pas assimilables à des MSB et ne sont donc pas soumis aux obligations d’enregistrement, de reporting et de traçabilité.

Alors, le Bitcoin, fantaisie de geeks, monnaie 2.0 ou dangereuse zone grise ? Peut-être encore un peu de tout ça à la fois. En tout cas, le bourgeonnement de plein de petits frères Bitcoin semble indiquer que si la monnaie virtuelle n’est pas pour demain, elle sera peut-être pour après-demain. C’est une bonne raison de se pencher sur le sujet.