
En abaissant sa note d'un cran, l'agence de notation s'alignerait sur ses deux rivales Standard & Poor' et Fitch Ratings, qui notent le pays européen "AA-".
Face à la montée des incertitudes sur la conjoncture économique et sur le déficit budgétaire de l'île après un nouveau plan de recapitalisation des banques, l'agence de notation Moody's envisage de dégrader la note de l'Irlande. Sa note à long terme, actuellement de "Aa2" (la troisième meilleure possible dans la classification de Moody's), a été placée sous examen dans l'optique d'un possible abaissement, selon un communiqué publié mardi 5 octobre. A l'issue de cet examen, qui devrait être bouclé dans un délai de trois mois, l'agence décidera d'abaisser ou non la note du pays.
Moody's prévient que si elle devait procéder à un abaissement de la note, ce mouvement serait probablement limité à un seul cran. Un mouvement plus important n'est toutefois pas exclu à l'issue de cet examen, si l'agence de notation devait décider qu'une "stabilisation du ratio dette/Produit intérieur brut dans les trois à cinq prochaines années paraît peu probable".
Coût du sauvetage des banques
En abaissant sa note d'un cran, l'agence de notation s'alignerait sur ses deux rivales Standard & Poor' et Fitch Ratings, qui notent le pays "AA-". Moody' explique sa décision par "la montée des incertitudes sur la capacité de l'Irlande à maintenir la solidité financière de son gouvernement après les mesures de recapitalisation bancaire additionnelles annoncées le 30 septembre, le flou des perspectives de reprise de la demande interne (...) et la nouvelle hausse des coûts de refinancement" du pays.
La veille, la banque centrale irlandaise a nettement abaissé sa prévision de croissance du pays en 2010, qui ne serait que de 0,2%, et a encouragé le gouvernement à accentuer encore les coupes budgétaires pour faire face au coût faramineux du sauvetage des banques.
Le coût de de sauvetage est estimé à près de 30 milliards d'euros, voire 34 milliards dans le pire des cas, et portera le déficit budgétaire du pays autour de 32% du PIB en 2010. L'Etat irlandais devra également verser une rallonge de 2,7 milliards d'euros à la banque mutualiste elle aussi nationalisée INBS, et aidera à se recapitaliser le groupe Allied Irish Banks (AIB), qui doit récolter en tout 10,4 milliards d'euros avant la fin de l'année.
Le retour à l'orthodoxie budgétaire représente un "défi", souligne Moody's, dans la mesure où les prévisions de croissance gouvernementales paraissent "excessivement optimistes" et que le coût des emprunts du pays a augmenté "significativement".
Le ministre des Finances Brian Lenihan a maintenu la semaine dernière l'engagement de l'Irlande à ramener son déficit en dessous de 3% du PIB en 2014 et promis de présenter début novembre un plan détaillé pour tenir cet objectif.
L'Irlande a longtemps bénéficié de la note maximale "Aaa" réservée aux émetteurs les plus solides. Elle avait perdu ce bénéfice en juillet 2009 et avait vu sa note une nouvelle fois abaissée à son niveau actuel en juillet.
Source Challenge.fr